Plus de 40.000 cas de cancers du sein sont déclarés chaque année en France. On sait à quel point, l’annonce de cette maladie est traumatisante. On le comprend d’autant mieux, que pour une femme, être atteinte d’un cancer du sein, est une agression directe à sa féminité. Grâce au dépistage précoce on évite bien des drames, mais malgré toutes ces mesures de prévention, certaines femmes devront subir une ablation partielle ou totale du sein appelée mastectomie.
Une reconstruction mammaire sera alors proposée. En effet depuis quelques années, cette opération fait partie intégrante du traitement. Elle est en principe prise en charge par l’assurance maladie. Il ne faut pas se priver d’une reconstruction mammaire. C’est très gratifiant pour l’estime de soi et se sentir bien. Si on considère que les meilleurs résultats sont obtenus lors d’une reconstruction immédiate, c’est-à-dire dans le même temps opératoire que l’ablation de la tumeur ou du sein, l’intervention reste bénéfique même si elle est pratiquée plus tardivement. Lors de la reconstruction mammaire après mastectomie, le chirurgien esthétique travaille le volume et la forme du sein. Après quelques mois, et lorsque le sein aura acquis sa forme définitive, il reconstituera le mamelon et l’aréole. Dans certains cas, il est préférable de différer la reconstruction mammaire. Ceci dépend de la chronologie des traitements complémentaires (radiothérapie et chimiothérapie). En effet, il n’est pas toujours possible de proposer une reconstruction mammaire immédiate, tout dépend du type de cancer du sein et des différentes étapes du traitement proposé. Par ailleurs si cette réparation ou reconstruction du sein, permet à la femme de retrouver son identité corporelle, elle peut avoir besoin de temps pour accepter l’arrivée de ce nouveau sein. Et ce temps-là est primordial. On appelle ça le deuil chirurgical du sein. Dans tous les cas ces interventions demandent une grande compétence et un travail d’équipe pour les différentes étapes et les différents traitements proposés.
Lors d’une reconstruction mammaire, la chirurgie plastique reconstructrice et esthétique utilise soit une prothèse, soit des lambeaux, qui sont les propres tissus de la patiente. On associe parfois les deux techniques. Le chirurgien plastique analyse les avantages et les inconvénients des différentes possibilités. Il prend sa décision avec sa patiente, après discussion, car ses désirs (conditions psychologiques) ainsi que la qualité de ses tissus, peau et muscles (conditions anatomiques) seront pris en compte. On peut ou associer un lipofilling sous cutané pour améliorer les contours de la prothèse mammaire d’un lambeau de grand dorsal ou d’un lambeau de grand droit.
La prothèse sera placée sous le muscle pectoral, sous anesthésie générale. L’enveloppe de la prothèse est en silicone. Le contenu est composé de sérum physiologique ou de gel de silicone. Les deux ont leurs inconvénients, mais ont aussi beaucoup d’avantages comme d’être une technique plus simple et de donner une forme de sein immédiate.
La prothèse mammaire avec sérum présente l’inconvénient fréquent de se dégonfler, partiellement ou totalement. Les chirurgiens plasticiens proposent alors plus volontiers des prothèses remplies de gel de silicone, plus naturelles à regarder et à toucher, et dont l’innocuité a été revérifiée par des études récentes. Les expandeurs mammaires dont des prothèses mammaires remplies de sérum physiologique qui peuvent par un système de valve avec support magnétique ou une petite chambre se remplir progressivement pour obtenir une expansion cutanée et pouvoir implanter in fine un volume plus conséquent. Les expandeurs sont des implants formidables en reconstruction mammaire mais aussi pour la chirurgie plastique des brûlures ou des tumeurs. Ils ne sont malheureusement pas remboursés en France.
Une prothèse peut provoquer l’apparition d’une coque. La coque est une réaction physiologique excessive lorsque la membrane qui se forme autour de la prothèse s’épaissit et que le sein se durcit. Il sera tout à fait possible au cours d’une autre intervention, d’ôter cette capsule trop épaisse ou coque pour redonner plus de souplesse au sein. Si malgré cela la coque ne disparaît pas, on peut proposer un changement de prothèse et/ou réaliser un lipofilling mammaire des seins. Il est très courant lors d’une reconstruction mammaire que le chirurgien effectue une réduction du sein contro-latéral (le sein opposé) et un lifting de celui-ci pour corriger l’asymétrie qui peut exister entre les deux seins pour l'effet naturel. Celle-ci persistera toujours un peu et s’accentuera avec le temps. Dans tous les cas, un changement de prothèse est nécessaire si l’implant est trop usé ou percé.
On peut reconstruire un sein en utilisant des lambeaux qui sont, comme nous l’avons déjà dit plus haut, les propres tissus de la patiente. On obtiendra un résultat plus naturel pour la forme et la consistance. On prélèvera pour cela de la peau, avec sa graisse sous-cutanée, et un muscle, partiellement ou totalement, au niveau du dos, ou au niveau du ventre, voire sur une fesse.
L’inconvénient du prélèvement est bien évidemment la gêne occasionnée par l’opération elle-même, ainsi que la cicatrice qui restera dans le dos. Par ailleurs, dans la zone de prélèvement dorsal des poches de liquide séreux ou lymphatiques, appelés séromes, sont fréquentes, et seront ponctionnées dans les semaines qui suivent l’intervention.
L’intervention est plus douloureuse et en intervenant dans la région abdominale, on s’expose à des complications locales :
Dans tous les cas, douleurs et fatigue sont à prévoir durant les semaines qui suivront ces interventions effectuées sous anesthésie générale. Une implantation de prothèse mammaire seule, dure en moyenne deux heures. Le prélèvement d’un lambeau et la reconstruction quatre à cinq heures. Dès qu’il y a prélèvement de lambeau la convalescence est plus longue et il faut au moins trois mois, mais ces lambeaux sont indispensables s’il ne reste plus assez de peau saine chez une femme qui a de gros seins. Quelle que soit la technique de reconstruction mammaire choisie, le résultat esthétique est évalué au bout d’un an et réévalué chaque année. Actuellement il est licite pour les cancers du sein diagnostiqués tôt, si l’amputation du sein est nécessaire, et si la morphologie de la patiente l’autorise, de proposer une reconstruction mammaire immédiate par prothèse, avec une symétrisation du sein opposé ou sein contro-latéral. Des retouches sont possibles secondairement, ainsi que la reconstruction de la plaque aréolo-mamelonnaire, toujours secondaire.
On peut associer prothèse et lambeau, lorsque la peau n’est pas en quantité suffisante ou qu’elle est trop fine. On prélèvera alors préférentiellement un lambeau de grand dorsal pour recouvrir la prothèse. Les progrès récents du lipofilling mammaire permettent de l’associer à une prothèse pour assouplir la peau et rendre le galbe du sein reconstruit plus naturel. Cette technique a ma préférence aujourd’hui.
Après un traitement conservateur (sans mastectomie) la reconstruction mammaire est souvent complexe car celui-ci est déformé. La cicatrice consécutive à l’ablation de la tumeur et de la zone environnante provoque une altération des tissus (marge de sécurité) et des rétractions fibreuses qui sont souvent difficiles à traiter. Par exemple les traitements conservateurs surs petits seins sont quasiment impossibles sans séquelles esthétiques majeures. Il faut au minimum mettre une prothèse mammaire. La technique par lambeau peut être utilisée pour améliorer la zone cicatricielle afin que celle-ci retrouve sa souplesse et sa surface originelle. On peut aussi intervenir sur certaines lésions cutanées provoquées par les traitements comme la radiothérapie notamment grâce aux transfert de graisse du lipofilling mammaire.
Immédiatement dès l’ablation de la tumeur ou secondairement après avoir reçu éventuellement chimiothérapie et radiothérapie. Votre état de santé est à nouveau analysée. Pas de cigarettes sinon on ne peut pas bénéficier d’un lambeau. S’il s’agit d’une reconstruction mammaire par prothèse, l’hospitalisation est ambulatoire ou d’une nuit seulement. Vous sortez avec un pansement, souvent un drain et un soutien-gorge. Le drain est ôté après quelques jours puis vous portez votre soutien-gorge jour et nuit pendant un mois. Les suites sont en règles simples. L’hospitalisation est plus longue pour les lambeaux.
La symétrie n’est jamais parfaite mais le sein reconstruit ressemble au sein restant. Il gagne en souplesse au fil des mois, vous pouvez à nouveau vous habiller sans complexe, mettre des maillots de bain à la piscine et aussi vous déshabiller.
Si la reconstruction est acceptée, une faible partie des honoraires est prise en charge par l’assurance maladie française; le reste à votre charge peut être remboursé par une assurance maladie complémentaire ou assurance maladie médicale privée pour les patients étrangers. Je vous ferai un résumé détaillé des différentes étapes à prévoir pour votre reconstruction et un devis pour vous aider à préparer cette étape importante de votre vie.